
Sauver des tomates, nourrir des familles : l’engagement visionnaire de Na'Gida au Niger

Chaque année au Niger, des tonnes de tomates finissent à la poubelle, non pas parce qu'elles sont pourries, mais faute de moyens de conservation. Une scène tragiquement ordinaire, qui a bouleversé le quotidien et changé le destin de Fatouma Souleimane, nutritionniste de formation et entrepreneure engagée.
Un jour de marché à Gaya, elle assiste à une scène poignante : des femmes jettent des seaux entiers de tomates fraîches. « Ce n’était pas parce qu’elles étaient abîmées », raconte-t-elle, « mais tout simplement parce qu’il n’y avait aucun moyen de les conserver. »
De cette indignation est née Na'Gida une marque de produits alimentaires transformés, et avec elle une vision : transformer chaque sachet de tomate en un geste de sauvetage et de dignité.
Du gaspillage au présent : l’histoire d’un sachet sauveur
À travers Ayman & Co, la structure qu’elle a fondée, Fatouma Souleymane transforme artisanalement des tomates issues de sa propre ferme en sachets prêts à l’usage. Et ces sachets ont une valeur bien plus grande qu’il n’y paraît : « Chaque sachet vendu, c’est une tomate sauvée. Et derrière, ce sont aussi des familles d’agriculteurs soutenues. »
L’approche est doublement responsable : d’abord écologique, car la ferme pratique une agriculture sans pesticides ni engrais chimiques ; ensuite sociale, car elle vise à intégrer dans sa chaîne de production d’autres fermes partageant la même éthique environnementale.
Une transformation nutritionnelle pensée pour la santé
Fatouma ne s’est pas lancée à l’aveugle. Ingénieure en nutrition et technologie alimentaire, avec plus de 13 ans d’expérience dans les systèmes humanitaires des Nations Unies, elle a conçu ses produits pour allier plaisir gustatif et bienfaits pour la santé. « Le processus de transformation que nous utilisons permet de libérer le lycopène, un antioxydant naturel extrêmement bénéfique pour le cœur. »
Son ambition ne s’arrête pas à la tomate. Na'Gida s’élargit à une gamme complète de produits alimentaires naturels, tous pensés pour soutenir la santé du consommateur nigérien, souvent exposé à des produits transformés de mauvaise qualité.
Un produit local, mais un défi économique
L’un des défis majeurs rencontrés par Na'Gida reste le prix. Initialement, Fatouma envisageait de vendre des sachets à 100 francs CFA. Mais les coûts de production artisanale, la rigueur du processus de transformation, et le respect des normes nutritionnelles ont tiré les prix vers le haut. « Aujourd’hui, le vrai enjeu, c’est l’adhésion. Il faut que les gens comprennent qu’ils ne paient pas juste pour de la tomate, mais pour un produit sain, local, et éthique. »
Une vision d’avenir pour l’agriculture et la santé au Niger
Au-delà du commerce, Fatouma Souleymane porte une vision de transformation systémique : une agro-industrie locale, durable, qui valorise les produits du terroir, protège l’environnement, renforce l’économie communautaire, et surtout, améliore la santé des Nigériens.
Na'Gida, ce n’est pas qu’une marque. C’est un cri du cœur devenu acte. Une initiative audacieuse qui prouve qu’en sauvant une tomate, on peut aussi sauver une économie, un savoir-faire, et une communauté.
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